7 déc. 2008

33- Mon Boisé Sacré: une histoire vraie

J'habite mon petit village depuis 15 ans déjà. À ce moment-là, derrière mon terrain se trouvait un lot vacant séparé du mien par une butte de roches, tandis qu'un fossé creusé pour écouler l'eau des terres délimitait les autres parties de ce coin de terre appartenant à un propriétaire demeurant dans l'autre rang. Dans cette pièce, je pouvais voir qu'une charrue avait tracé de gros sillons, mais j'y prenais quand même des marches de temps à autre. L'endroit était parfait pour mon cheval qui s'y rendait dès que j'ouvrais la porte de l'écurie et lorqu'arrivait la brunante, je l'appelais en criant son nom. Je prenais grand plaisir à le regarder se diriger vers moi, d'un pas très lent car je pouvais distinguer clairement son aura autour de lui. Quel spectacle extraordinaire!


Cela aurait pu me faire un bel endroit pour faire de l'équitation si ce n'eut été de l'inégalité du terrain. Et dans mon petit rang aussi, il m'était impossible d'utiliser mon cheval. Les autos roulaient et roulent toujours beaucoup trop vite et comme mon cheval n'était pas habitué à la route, il se cambrait sur les terrains de mes voisins y laissant la trace de ses sabots. C'est alors que j'abandonnai de faire de l'équitation. De toutes façons, j'étais bien rassasiée.

Un jour un cultivateur m'annonça qu'il aimerait bien acheter le terrain. Cela me fit tressaillir car cela mettrait fin à la liberté de ma Penny d'y passer ses journées sans oublier le bruit de ses machineries. C'est alors que me vint cette idée: faire de ce terrain un Boisé Sacré. J'achetai aussitôt un bel écriteau en bois sur lequel je fis graver: BOIS SACRÉ et je l'accrochai sur un vieil arbre. Puis, chaque fois que j'y pensais, je me répétais des phrases positives telles Je bénis ce magnifique boisé ou Merci pour ce boisé ou bien n'importe quelle phrase que je décidais de dire ou de penser.

Cela dura plusieurs années jusqu'au jour où je décidai d'aller prendre une marche. À ma grande et merveilleuse surprise, le propriétaire avait planté des centaines de petits pins et sapins. Ils n'avaient pas plus d'un pied de hauteur.

Je ne pus m'empêcher de pleurer de joie. J'ai même remarqué que Penny s'y promenait sans les écraser. Elle était tellement vieille que sa démarche était devenue très lente. Elle mourut un an ou deux après la plantation.

Aujourd'hui, ils sont encore plus grands que le démontrent la photo et il reste très peu de place pour s'y promener mais je réussis quand même à me tracer un petit sentier. Celui que j'ai planté à l'endroit où repose mon cheval provient de la plantation. Et lui aussi est aussi haut que les autres.
Posté le 9 juillet 2009

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